Julien Kieffer : rien ne se perd, tout se transforme

©ph. Florian Leger – à ERSEP.Donner une seconde vie aux objets de récup, c’est ce qui guide le travail du designer indépendant Julien Kieffer, à bientôt 38 ans. Portrait.

Au départ, une passion héritée de son enfance : « Mes parents étaient artisans, ma mère était coiffeuse, je détournais les pinces, les peignes. Mon beau-père tenait un garage, j’étais curieux des pièces métalliques qu’il utilisait. Quant à mon père, imprimeur, il a orienté mon goût vers la couleur. J’étais un enfant introverti, le dessin était mon terrain d’expression, mon petit monde à moi qui m’a permis de m’épanouir », raconte-il. Après le bac, Julien s’oriente vers des études d’Arts Plastiques « pour travailler un regard de plasticien ». Il s’inscrit aux Beaux Arts à Limoges, « pour découvrir la céramique », dans une école flambant neuve et à l’esprit résolument contemporain.
Ses études terminées, il fait le tour des agences de design à Lille, sans grand succès. « Par ma formation, j’étais un ovni dans l’univers du design lillois. Finalement, en 2006, j’ai eu la chance de me former quelques mois chez un designer parisien que j’aimais bien, Frédéric Ruyant ». Là, il touche de près à l’univers du luxe : Baccarat, Ligne Roset, Bernardaud… De retour à Lille, où il vit avec sa compagne, Julien s’installe en free-lance. Les débuts sont difficiles, alors il choisit d’enseigner, au lycée professionnel Sévigné à Tourcoing, en tant que professeur d’arts appliqués. « Après avoir connu les fastes parisiens, se retrouver devant une classe en lycée professionnel, ça force à mettre son orgueil de côté », avoue-t-il.

Avec le OonCub, il révolutionne le casier professionnel

Dans le design, dit-on, il faut dix années pour percer. « C’est mon cas, aujourd’hui je peux dire, en toute modestie, que je suis identifié parmi les designers qui comptent à Lille ». Il faut dire que ses projets et créations ne laissent pas de marbre : en 2005, Julien Kieffer a été un des premiers designers à exposer à la Braderie de l’Art de Roubaix. « J’avais créé plusieurs meubles, des lampes, des sièges avec des matériaux de récupération (rallonges de tables de formica, palettes, gros globes de lampadaires de mobilier urbain). Je les vendais et les soumettais au regard d’un public assez populaire, ce qui me permettait d’évaluer leur impact en direct ». Puis il expose à la Biennale de Courtrai, en 2006, 2008 et 2011. En 2012, il reçoit le Label Observeur du Design 2012 pour son célèbre casier OonCub, conçu pour EVP Editions. Là encore, le designer a choisi de réinterpréter l’objet, un casier de consigne, en lui donnant un caractère ludique, avec l’apport du polyéthylène, de la couleur, des arrondis, qui au final rendent l’objet plus familier.

La Maison du Projet, avec lille—design

En 2015, l’artiste roubaisienne Fanny Bouyagui le sollicite dans le cadre de Mons 2015 capitale européenne de la culture et aussi pour le NAME Festival. Il créé JAW, ce dispositif architectural composé de 60 palettes EPAL, qui deviendra son best-seller 2015. Depuis, Julien Kieffer enchaine les projets. En partenariat avec lille—design et la SEM Ville Renouvelée, il démarrera fin avril une mission liée à l’aménagement de La Maison du Projet sur le site de la friche industrielle de La Lainière à Wattrelos. Le designer donnera une seconde vie aux bureaux industriels Strafor des années 50 restés dans l’usine. Il proposera également des ateliers aux habitants du quartier pour les aider à recycler et à customiser leurs objets du quotidien. Un défi en totale harmonie avec la philosophie de ce designer « un peu caméléon » qui cite volontiers Charlotte Perriand, grande dame du design : « Le sujet n’est pas l’objet, c’est l’homme ».

www.julienkieffer.com
www.lille-design.com

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