Le collectionneur et sa relation avec un artiste

Avec 28 000 visiteurs en 2015 à Lille Grand Palais, Art Up s’impose comme la première foire d’art contemporain en dehors de Paris. Lieu d’échanges entre artistes, collectionneurs et amateurs d’art, Art Up, c’est aussi des conférences thématiques. Discussions sans détours sur ce qui fait un collectionneur, ses motivations et sa relation avec les artistes

maxime dufour photographies_1627

A partir de quand devient-on collectionneur ? Michel Poitevin, fondateur et directeur de Creed, une entreprise lilloise d’études de marché, est un collectionneur engagé. A cette question, il répond par une boutade d’Antoine de Galbert, collectionneur d’art contemporain et fondateur de la Maison Rouge à Paris : « On devient collectionneur quand on achète la première œuvre qu’on ne peut plus installer dans son lieu de résidence ! ». Selon Michel Poitevin, « à l’achat de la deuxième œuvre, on commence à faire une suite. Dès lors qu’on démarre une suite, on devient collectionneur ». « Des amis collectionneurs à Genève m’ont dit un jour : on est collectionneur, quand on n’a plus de place sur les murs et qu’on commence à mettre les œuvres sous le lit », ajoute Patrick Chappert-Gaujal, artiste plasticien dans le sud de la France.

Michel Poitevin
Michel Poitevin, fondateur et directeur de Creed

La nécessité d’entretenir son réseau privé. Après des études aux Beaux-Arts de Perpignan, Patrick Chappert-Gaujal s’est installé en Suède entre 1985 et 1990 pour démarrer une collaboration avec la galerie GKM Sivert Bergström. L’artiste voyage, séjourne et travaille à deux reprises en Afrique du sud, puis l’Asie et à nouveau l’Afrique, les Etats-Unis, l’Europe… Aujourd’hui, il vit et travaille dans le sud de la France et s’est attaché à développer un réseau privé de collectionneurs. « Pour un artiste, la relation avec le collectionneur est indispensable car c’est lui qui nous fait vivre. En cela, il forme un couple avec le galeriste. J’ai su rapidement qu’il fallait tisser des relations fortes avec les gens qui s’intéressaient à mon travail. J’ai construit une maison-atelier pour accueillir les visiteurs qui viennent de loin. J’aime échanger et partager ce que je fais. Je reçois du monde, j’organise des repas, des rencontres entre collectionneurs. J’y prends beaucoup de plaisir. Beaucoup de mes collectionneurs sont d’ailleurs devenus des amis très proches. Ce travail relationnel empiète sur mon temps de création, mais c’est le lot de nombreux artistes contemporains ».

La confiance et l’argent. Les collectionneurs sont de plus en plus engagés et viennent pour soutenir l’artiste. « Le collectionneur, c’est aussi la personne qui aide à financer des projets par un achat ou un pré-achat, qui a envie d’aider l’artiste dans sa création, qui a envie de participer à la genèse d’une œuvre », explique Patrick Chappert-Gaujal. Jeune artiste, Raphael Denis, de la Galerie Sator à Paris complète : « Un collectionneur, c’est un vrai soutien. Cette relation avec l’artiste nécessite une grande confiance réciproque, comme dans tout rapport humain ». La confiance, Didier Vesse, directeur Art Up et galeriste pendant 18 ans dans le sud de la France, l’a éprouvée. « Patrick Chappert-Gaujal, qui travaillait non loin de ma galerie, me faisait peur car j’avais capté qu’il était quelqu’un de très indépendant. Je pensais à tort qu’il pourrait vendre ses œuvres en direct avec mes clients. Je me suis aperçu avec le temps que c’était une bêtise, qu’on aurait dû discuter et monter ensemble un projet intéressant. Sa grande qualité, c’est d’être aussi un chef d’entreprise », conclut-il.

 

Pour aller plus loin, voir la vidéo de la Conférence Art Up : « Le collectionneur et sa relation avec un artiste »

Partager

Nous vous recommandons
nos articles incontournables

Suivez-nous sur les réseaux !

#lillegrandpalais