L’émotion pour arrêter de fumer ?

 

Dominique Bonte, médecin tabacologue, chef de service du Centre de prévention et d’éducation pour la santé à l’Institut Pasteur de Lille.

Philippe Jean Parquet nous parlait des mécanismes des « conduites addictives », zoom sur une addiction socialement bien acceptée : le tabac. Dominique Bonte, médecin tabacologue, chef de service du Centre de prévention et d’éducation pour la santé à l’Institut Pasteur de Lille, intervenante sur la soirée santé « Addictions » nous explique la dépendance au tabac.

Le nombre de fumeurs a-t-il diminué en 2011/2012 ?

Ce chiffre est en augmentation dans la population générale. Chez les jeunes de 17 ans, en 2008 ils étaient 28,9 % à consommer du tabac, ils sont 31,5 % en 2011. Beaucoup de jeunes consommateurs de tabac consomment également du cannabis. Le tabagisme a diminué entre 1995 et 2005, période où sont survenues de nombreuses augmentations rapprochées du prix du tabac. Il y a également eu les interdictions de fumer dans les lieux publics, entreprises… Cette baisse s’inscrit donc dans un contexte lié à la conjonction de multiples facteurs externes.

Mais depuis 2005, la consommation remonte.

Comment arrêter cette dépendance ?

C’est au fumeur de prendre cette décision. Si le rôle des éducateurs est important c’est notamment pour renforcer la motivation du fumeur. La prévention est un effort continu, aussi bien national que de proximité (parents, éducateurs…). Les meilleures approches pour sensibiliser le fumeur sont de l’ordre de l’émotion. Cela fait bouger les comportements, pas la raison. Il faut inviter la personne à poser des mots sur sa dépendance. Dans un premier temps « qu’est-ce-que cela vous apporte de fumer ? », l’émotion fait s’interroger la personne contrairement à la raison.

L’effort doit se faire également au niveau national par exemple concernant la législation. Des buralistes vendent des cigarettes à des enfants de 12 ans, 50 %, un nombre croissant, de jeunes ont du cannabis sur eux, la loi n’est pas appliquée, mais est-elle applicable actuellement ? Est-elle à revoir ?

Quels sont les moyens pour arrêter de fumer ?

Il faut savoir que 7 personnes sur 10 ont arrêté de fumer sans moyens « médicamenteux ». Faut-il un moyen externe pour y arriver ? Lors de consultations, certains patients nous demandent « est-ce-que vous pouvez m’arrêter de fumer ? ». Il s’agit d’aider la personne à changer son comportement, si elle le souhaite, et non d’une décision « médicale ».
6 fumeurs sur 10 souhaitent arrêter de fumer mais ils n’y arrivent pas. Chaque fumeur a une façon différente de fumer donc une manière différente pour arrêter. Face à cela, il existe un panel de moyens en fonction de la relation de la personne au tabac. Gommes, patchs… Nous voyons surgir la e-cigarette mais nous n’avons pas de recul sur ce nouveau produit qui contient de la nicotine dont on connaît mal le dosage, mais également des additifs différents qui peuvent être toxiques.
De plus, avec la e-cigarrette, la nicotine arrive rapidement au cerveau, ce qui maintient la dépendance au produit contrairement aux gommes et patchs ou le cheminement de la nicotine est beaucoup plus long. Malheureusement, aujourd’hui, il n’existe pas de produits miracles !

Pour information, 1 décès sur 5 est lié au tabac chez les hommes, 1 sur 20 chez les femmes soit 18 fois plus que les accidents de la route en 2010, mais là, on est dans l’argument de raison !

Entrée gratuite – Réservation obligatoire sur soirée-sante.com – Soirée « Addiction » mardi 12 février à 18h30 à Lille Grand Palais

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